• La longue histoire de la CIA en Europe

    L’Union européenne semble vouloir éclaircir les agissements de la CIA en Europe suite à la campagne victorieuse du Non au référendum européen en Irlande. Mais, si aucun rapport officiel n’a encore été établi, il semble pourtant que cette implantation en vieille Europe ne date pas d’hier.

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    Drapeau de la CIA Europe

    Peu de choses ont été écrites sur le réseau Stay Behind de l’Otan et pourtant beaucoup de choses ont été dites. L’historien suisse Danièle Ganser a lui largement développé la question de ces réseaux clandestins institués dans seize pays européens, des plus atlantistes aux plus neutres, après-guerre et jusqu’en 1990 au moins, date à laquelle l’existence du réseau a été reconnue publiquement par le Premier ministre italien Giulio Andreotti. Un ouvrage est paru à ce sujet en 2005 :Les Armées secrètes de l’Otan (Ed. Demi-Lune). Soulignons que cet ouvrage fait polémique compte tenu de sa portée historique et des enjeux actuels.

    Les rapports parlementaires belge et italien, couplés aux témoignages des acteurs de ce programme dit de "Stratégie de la tension", laisseraient sous-entendre que l’objectif initial de défense de l’Europe de l’Ouest en cas d’invasion soviétique (sur le format de la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale) se serait peu à peu transformé en opérations de subversions et de déstabilisations de gouvernements ou de partis politiques à l’approche d’élections. L’extrême gauche, soupçonnée par Washington d’être inféodée à Moscou, aurait été la principale (ou la seule ?) victime de ces missions.

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    Le recours par l’Otan à des groupuscules d’extrême droite pour exécuter des actes terroristes semble aujourd’hui avéré.

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    Le néo-fasciste italien Vincenzo Vinciguerra déclarait notamment : "Il fallait s’en prendre aux civils, aux gens du peuple, aux femmes, aux enfants, aux innocents, aux anonymes sans lien avec un quelconque jeu politique". L’accusation serait ensuite portée sur les partis d’extrême gauche, le puissant PCI dans le cas de l’Italie. L’acceptation par le public de la mise en œuvre de plus de moyens sécuritaires s’en trouverait par ailleurs facilitée. Dans un document déclassifié, Truman déclarait en 1950 : "L’Italie est la clé de la sécurité américaine".

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    Attenta de la gare de Bologne (85 morts) à mettre sur le compte de la CIA et de l'OTAN

    Opération Gladio, attentats de la gare de Bologne (85 morts), de la Piazza Fontana ou de Paetano en Italie, tueries du Brabant en Belgique et en France, renversements politiques en Grèce ou en Turquie, l’Histoire fera le tri dans les différentes allégations et sur le rôle exact de la CIA en Europe pendant près d’un demi-siècle.

    Ce sujet a fait l’objet de débats dans certains pays européens. La BBC fut la première à se jeter à l’eau avec un documentaire en trois parties et diffusé en... 1992, rassemblant divers témoignages souvent très concordants. La Belgique a emboîté le pas avec un débat sur la RTBF suite à la diffusion de ce documentaire. En France, peu ou pas de questions. Rappelons que Giulio Andreotti avait nommément désigné la France comme partenaire central de l’opération. Devant les accusations, et après que le président Mitterrand a nié en bloc l’existence d’une telle organisation, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense, avait finalement déclaré : "d’après les informations dont je dispose, elle (l’opération) n’a jamais eu d’autre fonction que de rester en sommeil et d’assurer un rôle de liaison".

    On peut d’ailleurs s’interroger, à l’heure du terrorisme globalisé, si de telles structures clandestines et pilotées à distance, en cas d’existence avérée, pourraient encore exister, dans quelle optique et dans quels pays.

    Le quotidien allemand Spiegel, repris par Le Nouvel Obs., rapporte que l’Union européenne a ouvert une enquête sur le financement de la campagne du Non pour le référendum en Irlande. L’association Libertas a en effet déboursé 2 millions d’euros pour faire campagne pour le Non. Declan Ganley qui la dirige est un proche du Pentagone avec qui il entretient des relations commerciales, fournissant "à l’armée américaine, notamment, des systèmes de transmission sécurisés pour les soldats combattant au front". Si l’information se vérifiait, il ne faudrait pas s’étonner de voir la CIA resurgir (si tant est qu’elle en soit vraiment partie) sur la scène européenne... Rappelons pour mémoire le sinistre épisode des prisons secrètes et des vols secrets en Europe de la CIA dont l’affaire à fait pschitt...


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