• Le cancer, une pandémie ?

     

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    Le cancer est classé parmi les maladies dégénératives qui affectent en priorité les populations surgavées de l’Occident. On sait maintenant que l’étiologie des cancers est principalement virale, mais sont-ce les virus qui réellement causent le cancer. Oui et non, car pas de cancers sans cofacteurs favorisant ou déclenchant. Nous sommes en effet tous porteurs d’une multitude d’habitants indésirables viraux et microbiens qui en temps ordinaire restent des hôtes dormants. Sauf si un facteur extrinsèque vient par exemple affaiblir nos défenses immunitaires et ouvrir la porte à l’agent pathogène autrement inactif.

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    Il est clair que le cancer ne saurait cependant être « épidémique » puisqu’il n’est pas en soi contagieux, reste qu’il flambe et que la progression de la morbidité et de la mortalité carcinogénique* est devenue un fait de société et un vrai sujet d’inquiétude. Sommes-nous tous des malades en sursis ? La question vaut d’être posée, mais quelles sont les causes favorisant l’actuelle augmentation du nombre de cancers ? La réponse est simple et hélas vérifiée expérimentalement : la pollution chimique, l’empoisonnement généralisé de nos aliments, de l’air et de l’eau entre autres par les métaux lourds et surtout les pesticides agricoles. Des pesticides dont la France fait un usage immodéré en battant tous les records de consommation de l’Union européenne. S’ajoute à cela l’usage intensif des traitements chimiques dans notre environnement : peintures murales ou cotonnades bon marché dont nous sommes inondés par la Chine populaire, dernier bastion collectiviste mâtiné d’ultralibéralisme. Ainsi à notre insu lorsqu’on enfile un maillot les substances chimiques qui imprègnent le tissu franchissent la barrière épidermique et pénètrent notre organisme… La suite est connue, après des années d’accumulation dans les graisses et les tissus nerveux le sujet est mûr pour développer l’une de ces pathologies de l’abondance à bon marché, cancers, dépression, maladies neurodégénératives telles Alzheimer, Parkinson et tutti quanti !

    Qui accuser ? En amont le système hyper productiviste, le monothéisme du marché mais aussi, en dernier ressort, les consommateurs c’est-à-dire nous parce qu’objectivement nous nous faisons les complices du crime. Il n’est certes pas facile de se déplacer à l’intérieur du labyrinthe qu’est le monde moderne et d’en éviter tous les pièges. Reste que nul n’ignore plus les dangers auxquels il se trouve exposé, même si tout est fait pour égarer et tromper le consommateur négligent. Car même si les mentions légales sont inscrites en lettres minuscules sur la pizza congelée que nous avalons scotchés à moitié comateux devant la dernière série Z américaine, qui nous empêche de consentir l’effort de lire sur l’emballage que cette affriolante pizza contient non du beurre mais un adjuvant à l’arôme de beurre  ? Sommes-nous si pressés que nous ne puissions devenir des consommateurs lucides et responsables ? Si les produits frelatés qui débordent des caddies restaient sur les rayons, croyez-moi les choses changeraient. 

    Donc nos cancers nous nous les concoctons tous plus ou moins en cédant aux facilités empoisonnées que nous offre le pire des mondes modernes. Il est aussi vrai que dans certains cas nous n’avons plus guère le choix. Que choisir : l’eau chlorée et fluorée du robinet ou l’eau à prix d’or de l’industrie ? L’hyperconsommation s’impose à nous bombardés, saturés que nous sommes de messages publicitaires parfaitement neurotoxiques dès la sortie du berceau. L’enfant en bas âge ne doit-il pas faire tôt son apprentissage de bon consommateur ?

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    Réagissons, reprenons en main nos destins et nos santés. Enivrons-nous bio tant qu’à faire avec du vin fait de mains d’homme, respectueuses de la terre nourricière dont la profusion d’êtres, bactéries, invertébrés, qui l’habitent, la nourrissent et la font respirer, font de la terre elle-même un organisme vivant. Or la vie se nourrit de la vie. Aujourd’hui les sols cultivés sont des lieux de mort où la chimie règne en maître et la mort invisible passe derechef dans nos verres et nos assiettes ? Buvez bio : tel est le mot d’ordre surtout quand vous saurez que 100% des vins commercialisés sur le marché, des tous petits aux très grands crus, sont pollués par des pesticides, jusqu’à 10, toutes substances hautement pathogènes**.

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    Si vous fumez, fumez bio, ne culpabilisez plus : ce n’est pas le tabac qui tue mais la cigarette, à Cuba l’on meurt centenaire le cigare au bec***. D’ailleurs pourquoi le cancer du fumeur n’apparaît-il véritablement qu’après 1945 aux É-U ? Certains accusent des carences liées à la disparition de l’huile naturelle de maïs remplacée à l’époque par ces graisses industrielles que sont les margarines qui ont l’allure du beurre mais n’en sont pas. « Débarrassez-vous d’un préjugé qui vous coûte cher  » tel était le slogan que ressassaient les radios françaises dans les années cinquante pour mieux nous fourguer la margarine nouvelle. Mais comme on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, à terme l’économie réalisée sur des produits au rabais se paye au prix fort pour la santé.

    Bref, on nous vend la facilité à bon marché, mais dans l’économie d’usure marchande qui est la nôtre le prix en différé devient proprement exorbitant et à l’arrivée, cancer en sus, il se règle au milletuple. Pensons-y avant d’acheter des marchandises sous emballages de luxe qui ne sont en réalité qu’un ticket de file d’attente pour la chimio !

     

    Jean-Michel Vernochet

     

    * En 2007 on recense 12 332 300 nouveaux cas de cancers à travers le monde et 7,6 millions décès, soit 20 000 décès par jour. 5,4 millions nouveaux cas et 2,9 millions de morts pour les seuls pays industrialisés. La France en 1980 comptait 160 000 nouveaux cas de cancer, 278 000 en 2000 et 320.000 en 2005. En 2004 il devenait la première cause de mortalité avec 147 323 décès soit 30%. Une augmentation de seulement 13% depuis 1980 à mettre au regard d’indéniables progrès thérapeutiques.

     

    ** Des analyses réalisées sur des vins d’Europe et du monde entier démontrent un niveau de contamination généralisée 5800 fois plus élevée que pour l’eau potable, ceci par des pesticides potentiellement carcinogènes, perturbateurs endocriniens ou neurotoxiques. 20% des pesticides utilisés en agriculture le sont dans l’industrie viticole et ce, sur seulement 3% des surfaces cultivées. 

     

    *** http://fr.youtube.com/watch?v=pBuzmI6YoDc

     

    Cancer et compagnie

    Le cancer est un minotaure qui tue de plus en plus. Sandro avait, le 28 janvier dernier, dans un article intitulé « Le crabe aux pinces d’or », montré avec clarté et colère l’ampleur de l’hécatombe, l’augmentation apparemment irréversible et, en face, gesticulation, arrogance et impuissance. Quelques chiffres : en 1980 160 000 cas, 278 000 en 2000. On en guérit beaucoup, mais on en meurt de plus en plus : 124 000 décès en 1980, 152 500 en 2003. Les statistiques nous disent aussi qu’entre 35 et 64 ans c’est (et de loin) la maladie la plus mortelle.

    Le problème est trop grave pour ne pas en parler dès que l’occasion en est donnée. Une étude parue le 26 mars 2008 - la presse en a un peu parlé - mérite d’être commentée. Coordonnée par PAN-Europe (Pesticides Action Network Europe), soutenue par le MDRGF (Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures), elle était intitulée « Message dans une bouteille » avec, en sous-titre « Étude sur la présence de résidus de pesticides dans le vin ».

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    40 bouteilles de vin rouge ont été analysées en provenance de France et de 7 autres pays. 34 étaient issues de l’agriculture intensive, 6 d’agriculture biologique. 100 % des vins conventionnels étaient contaminés avec, en moyenne, 4 résidus de pesticides différents, les plus contaminés contenaient jusqu’à 10 pesticides. Le niveau de contamination est résumé par ce chiffre : 5 800 fois plus élevée que pour l’eau potable. Les vins biologiques analysés ne renferment pas de résidus de pesticides à l’exception d’un échantillon de Bourgogne dans lequel on a trouvé des quantités faibles d’un produit. Cela est expliqué par les dérives des pulvérisations en provenance des parcelles voisines. L’échantillon était petit, mais il ne faisait que confirmer d’autres enquêtes.

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    Cette présence massive de pesticides dans le vin est due à leur utilisation intensive par les viticulteurs : 20 % des pesticides utilisés le sont sur les 3 % de la surface agricole consacrée à la vigne.

    L’étude rappelle la publication par la Commission européenne (octobre 2007) d’une analyse qui montrait une contamination globale de la chaîne alimentaire européenne. Sur 62 000 produits alimentaires, plus de 349 pesticides différents ont été détectés : 41 % contenaient des pesticides, 4,7 % en contenaient à des doses supérieures aux limites légales. Les fruits, légumes et céréales représentaient 92 % des échantillons.

    Chaque année plus de 220 000 tonnes de pesticides sont épandues en Europe :

    - 108 000 tonnes de fongicides,

    - 84 000 tonnes d’herbicides,

    - 21 000 d’insecticides,

    - 7 000 de régulateurs de croissance.

    Cela représente 500 grammes de substances actives pour chaque homme, femme et enfant vivant dans l’Union européenne.

    La France est le premier utilisateur de pesticides en Europe avec plus de 100 000 tonnes annuelles.

    Reprenons les termes de l’équation :

    - d’un côté, nous avons une progression des cancers avec de plus en plus de cas, de plus en plus de morts ;

    - de l’autre côté nous avons une progression de l’utilisation par l’agriculture classique des pesticides (appelés désormais produits phytosanitaires pour tromper le public car ils ne doivent rien aux plantes - phyto en grec - et leurs effets secondaires redoutables leur enlèvent toute action sanitaire - du latin sanitas : santé).

    La quantité utilisée double tous les dix ans depuis 1940. Nous en consommons en buvant du vin, en mangeant des fraises, des pommes, des poires, des légumes, etc.

    Les chiffres globaux des uns et des autres ont été donnés. Pour enfoncer le clou, prenons l’exemple du cancer colorectal, une localisation en plein essor.

    - en 1970 : 7.000 morts

    - en 2006 : 17 000 morts et 38 000 nouveaux cas.

    Ces 10 000 morts de plus ne doivent pas faire ignorer qu’en 37 ans le dépistage et le traitement se sont beaucoup améliorés. Beaucoup de polypes colorectaux qui se seraient cancérisés ont été dépistés et éliminés à l’occasion des coloscopies devenues des examens de routine. Tous ces polypes, cancers en puissance, n’entrent pas dans les statistiques des cancers colorectaux et des états précancéreux.

    Je n’ai lu, dans aucune publication médicale, dans aucun compte-rendu de congrès de gastro-entérologie, qu’une corrélation mériterait peut-être d’être faite entre cette progression des cancers colorectaux et la consommation des pesticides au travers de nos trois repas quotidiens. Le monde médical feint d’ignorer que :

    1.- les pesticides peuvent être neurotoxiques, toxiques pour le développement embryonnaire, perturbateurs endocriniens, mais aussi cancérigènes ;

    2.- que ces affirmations ne sont pas des élucubrations de rêveurs écologiques, d’utopistes farfelus, mais des substances classées en tant que telles par l’Union européenne ou le ministère de l’Agriculture : procymidone, iprodione, manèbe, captan, iprovalicarb, oxadixyl, vinclozolin, pyrimethanil, entre autres.

    Une question se pose : Comment un produit actif sur une cellule vivante au point d’avoir la capacité de la détruire, pourrait-il être inoffensif sur une autre cellule vivant à ses côtés ? Un globule blanc de notre sang, une cellule de l’épithélium de notre côlon soumis durant des décennies au contact avec le produit qui tue le mildiou, le parasite du maïs, le doryphore, la cochenille, etc. n’auraient aucune raison de s’en plaindre ? Par quel miracle, au nom de la sélectivité, d’une dose-seuil, d’une sensibilité particulière, d’une grâce d’État ? Cela ne peut-il pas induire une souffrance, une transformation, une mutation, une prolifération ? Le risque radioactif lié aux déchets nucléaires est reconnu mais celui des pesticides est refusé par les mêmes instances alors qu’ils sont, eux aussi, rémanents, cumulatifs, actifs à petites doses et que les organes en développement y sont particulièrement sensibles (fœtus, enfant) ?

    Fort de ce constat, de ces évidences, on est tenté de dire et même de crier :

    - si on veut diminuer la progression des cancers en tout genre, il conviendrait d’arrêter la progression de la production et de l’utilisation des pesticides cancérigènes dans l’agriculture et, en poussant encore plus loin le raisonnement, on pourrait aller jusqu’à proposer :

    - d’arrêter de consommer, dès maintenant, les produits cancérigènes que l’on trouve dans nos assiettes, dans nos verres chaque fois que nous nous mettons à table, que nous croquons une pomme, mangeons une fraise, buvons un verre, etc.

    Ce raisonnement primaire n’est pourtant pas retenu. Le discours officiel est différent. Il est bien représenté en France par le rapport des Académies des sciences et de médecine rédigé avec le Centre international de recherche sur le cancer (13 septembre 2007). On y apprend que le tabac est la première cause des décès masculins par cancer (33,5 %) en 2000. L’alcool vient en 2e ligne avec 9,4 % des décès par cancer chez l’homme. Le rôle de l’excès de poids et de l’insuffisance de l’exercice physique est aussi quantifié, mais il y a une phrase qui laisse pantois : « Contrairement à certaines allégations, l’étude montre qu’1 % au plus des décès par cancer peuvent être attribués avec certitude à la pollution ». Il relève entre autres que « le lien putatif entre pesticides et cancer ne repose sur aucune donnée solide ».

    Avec une logique qui ne peut être que l’apanage d’esprits supérieurs, ces sages disent plus tard que 85 % des cancers chez les non-fumeurs restent inexpliqués.

    Ce rapport est étonnant car, si ses conclusions sont péremptoires, il déplore aussi que « les études de qualité sont trop rares.../... Il reste à mettre en œuvre dans beaucoup de domaines des études épidémiologiques de longue haleine, de bonne qualité, mobilisant beaucoup de ressources afin de pouvoir établir clairement les liens de cause à effet et pouvoir les évaluer quantitativement ».

    En clair, ces académiciens nous disent : vous pouvez manger ½ kg de poison, même vos bébés, vous n’en souffrirez pas. Les produits cancérigènes que vous mangez ne vous feront aucun mal.

    « Nous sommes tous convaincus que l’alimentation a un rôle très important, mais nous ne savons pas trop comment » admet pourtant le Pr Tubiana, coprésident du rapport.

    Ce rapport a soulevé un tollé de protestations. Il est qualifié de partiel et de partial puisqu’il nie aussi bien la responsabilité des effets cancérigènes des incinérateurs que celle des pesticides dans l’alimentation issue de l’agriculture intensive.

    Une justification extraordinaire de ce parti pris a été donnée par un des membres du CIRC : « ... Le bêta-carotène avait été identifié en laboratoire comme un facteur de réduction du cancer. C’est l’effet inverse qui a été observé.../... C’est pour cela qu’il faut être vigilant... ». Ainsi cet expert nous suggère, sans rire, que, parce qu’un anticancéreux supposé s’est avéré cancérigène, finalement un produit cancérigène reconnu doit être anodin !

    Le ministère de l’Agriculture gère le problème avec des grands mots et des beaux principes. Sa politique prétend concilier innocuité et efficacité, deux concepts inconciliables car contradictoires. La réalité de son action peut être trouvée dans un rapport du 19 novembre 2003 de la Commission des affaires économiques de l’environnement et du territoire et consacré aux activités agricoles et la protection de l’environnement. On y lit des phrases du genre : « Le problème de fond réside aujourd’hui moins dans l’évaluation des risques que dans les difficultés rencontrées par l’administration pour accéder aux données relatives aux intrants, aucune information n’étant obligatoire sur la consommation des pesticides ».

    « On constate que les préconisations aux agriculteurs concernant l’usage des substances notamment en fonction des surfaces et de la nature des cultures sont insuffisantes ». « On peut regretter que les chambres d’agriculture ou les institutions techniques adoptent parfois des stratégies divergentes. On peut regretter le manque de coordination des actions des administrations (agriculture, santé, environnement) qui conduit à un dispositif de surveillance insuffisant et à l’absence de mesures correctes systématiques ».

    Mais le plus inquiétant est sans doute la conclusion de cette commission. Elle n’est pas d’accord pour réduire - comme l’a proposé le Parlement européen - de 50 % la consommation de produits phytosanitaires car « Cette industrie s’adapte et propose aujourd’hui des produits actifs à très faibles doses... ». Et, ajoute-t-elle : « fixer un objectif purement quantitatif n’a donc que peu de sens quand il s’agit en réalité de travailler sur la gestion des risques en écartant les substances les plus dangereuses ».

    Même avec le plus grand respect pour l’éminence de ces sommités scientifiques et, en ne s’autorisant aucun esprit critique, on peut s’étonner de tant d’impudence et même d’imprudence. Les progrès dont a bénéficié la santé publique ont, depuis toujours, été dus à la capacité qu’ont eu quelques-uns à montrer que des corrélations élémentaires pouvaient tout changer :

    - se laver les mains avant d’opérer ;

    - stériliser l’eau en la faisant bouillir ;

    - éradiquer les puces pour éviter la peste ;

    - vacciner contre le tétanos pour éviter de mourir du tétanos ;

    - traiter l’hypertension artérielle a permis de réduire les infarctus du cerveau et du cœur ;

    - supprimer l’hélicobacter pylori de l’estomac pour supprimer l’ulcère d’estomac ;

    - ne pas fumer pour éviter le cancer du poumon ;

    - rouler moins vite pour diminuer les accidents de la route.

    On pourrait multiplier les exemples. On s’apercevrait que, chaque fois, ceux qui ont préconisé un changement d’habitudes, une rupture dans la tradition, ont trouvé des adversaires.

    Et aujourd’hui, ceux qui disent : pour avoir moins de cancers, supprimons les cancérigènes de nos assiettes suscitent le même dédain.

    Pourquoi cet aveuglement :

    1/ des politiques.

    Leurs raisons sont nombreuses et toutes trahissent leurs qualités :

    - Supprimer les pesticides c’est heurter de front le lobby paysan et sa fédération qui dirige en fait le ministère de l’Agriculture ;

    - Cette agriculture intensive, subventionnée, polluante reste puissante. Elle massacre la nature dans toutes ses composantes : air, terre et eau. Elle sait imposer sa loi à nos politiciens de droite ou de gauche. Conservatrice, traditionnelle même dans ses mauvaises habitudes elle a fait du rendement et donc des traitements, de l’irrigation, des grandes surfaces, d’une mécanisation totale sa règle de prospérité. Elle considère l’agriculture sans engrais issus de la chimie, sans pesticides, sans OGM comme une folie, une rêverie, une utopie. Elle l’obligerait à un examen de conscience, elle qui n’en a plus, à un retour à la terre elle qui ne rêve que de culture hors sol. Elle a donc réussi à la marginaliser tout juste capable d’alimenter quelques marchés, quelques linéaires alibis dans une grande surface. Cette grande surface qui raffole d’une production massive sous pesticide achetée à bas prix, ne veut pas de produits bio plus chers, produits avec plus de travail du sol, moins de rendement, des fruits et légumes un peu moins présentables. Leurs marges ne pourraient plus être les mêmes.

    L’agriculture traditionnelle dicte sa loi, mais les politiques ont d’autres raisons : le cancer a été proclamé grande cause nationale par l’ancien président. Quelle sollicitude pour notre santé, quel grand homme. Cela permet des beaux discours, d’émouvantes homélies et de mettre en branle un plan de reconquête du territoire afin que chaque cancéreux puisse se faire soigner partout au mieux. Couvrir le paysage de centres anticancéreux, irriguer la recherche de crédits sont des signes qui traduisent une volonté qui impressionne.

    2/ Les médecins.

    Ce sont les fantassins de la guerre contre le cancer. Ils traquent l’ennemi partout où il se cache. Leur technologie avance : l’imagerie, l’arsenal chimique, ionique, radioactif, atomique, thermique, cryogénique, génétique et j’en passe, est servie par une armée attentionnée, affairée, débordée.

    Le recrutement ne pose pas de problème. L’hécatombe est telle, le mailing si bien fait, les spots si efficaces qu’il est difficile d’échapper aux dépistages en tout genre. On a même raison de s’y soumettre compte tenu du risque. La médecine a donc un terrain de manœuvre et un champ d’action quasiment illimités, en croissance continue. Quel commerce, quelle industrie en ces temps de marasme affiche de telles performances ?

    Tellement occupée à bien faire, il est normal que les médecins en charge du cancer, aient peu de temps à consacrer à la recherche clinique, à l’établissement d’une corrélation. Cela suppose des années d’observation, des recueils fastidieux de données. Tout cela est long, demande de la persévérance, de la volonté. M. Boffetta du CIRC qui connaît bien le sujet a raison de se lamenter de l’indigence de ce type d’études. Elles ne permettent pas d’effets d’annonce, de déclarations fracassantes à tous les médias sur la découverte d’une molécule qui a eu des effets miraculeux sur une mouche génétiquement modifiée et qui présage certainement la découverte du médicament miracle d’après-demain.

    Donc, pour certains de ces médecins-là des cancérigènes dans notre assiette, cela ne porte pas à conséquence et ne saurait les motiver pour les étudier. Les confrères - il y en a, oncologues comme eux - qui s’inquiètent, protestent, refusent ce consensus. Ils sont considérés par ces savants, ces académiciens avec la même désinvolture, le même mépris qu’un gros producteur de maïs, un maraîcher industriel considèrent leur confrère bio qui s’échine à ne pas travailler main dans la main avec Monsanto.

    Il faut dire aussi que ces médecins-là ont une responsabilité aggravée car ce sont eux qui conseillent les politiciens qui nous gouvernent. Ils leur cachent une réalité qu’ils se refusent eux-mêmes à considérer. Les scandales de l’amiante, du sang pollué, des hypophyses vecteurs de prions et conditionnés en hormone de croissance n’ont jamais été dénoncés par ces élites-là. Elles sont trop respectueuses, ont trop d’avantages acquis, émargent à trop de commissions, fréquentent trop les pouvoirs pour n’en être pas prisonnières. Elles ont trop à perdre pour se permettre de penser et d’agir librement.

    Les mêmes et d’autres s’exonèrent d’une façon classique de leur responsabilité en accusant le cancéreux potentiel d’être seul responsable de son futur malheur. Cela est vrai pour l’addict au tabac, à l’alcool. Mais faire croire qu’un peu de sport, quelques fruits chaque jour ou un peu plus de fibres - ou quelques autres idées qui ne manqueront pas de les remplacer ou de s’y ajouter - sont suffisants pour l’éviter est une infamie. Demander des frottis, des examens radiologiques, des recherches de sang dans les selles, des coloscopies, des tests pour faire du dépistage précoce et à des rythmes qui, s’ils étaient appliqués feraient exploser tous les services concernés est également la tentation actuelle et la politique appliquée. Elle est utile, mais n’est qu’un pis-aller. Pour éviter que la grenade explose il faut ne pas jouer avec elle.

    Le discours est inaudible quand le monde agro-alimentaire, l’industrie chimique lourde et la grande distribution ont toutes les cartes en main.

    3/ L’industrie.

    Elle se porte bien. Les anticancéreux sont le présent et l’avenir des laboratoires. Ils y trouvent leurs meilleures ventes. Les industriels de l’armement anticancéreux sont aussi actifs, prospères. Le marché est porteur. Il faut espérer qu’ils travaillent à la victoire et ne feront pas durer la guerre.

    Conclusion : Au nom du principe de précaution, il faut faire disparaître les pesticides de nos assiettes. C’est une obligation qui devrait ne faire l’objet d’aucun moratoire ou d’étapes s’étageant sur des décennies. C’est une mesure à prendre avec effet immédiat. Il revient à chacun de s’y efforcer. Ce n’est pas facile. Je ne prétends pas non plus que cela suffisse, qu’il n’y ait pas d’autres causes, qu’il faille se contenter de cette prévention, mais au moins arrêtons de jouer avec le feu.

    C’est en y pensant que j’ai écrit une lettre à M. Michel-Édouard Leclerc le 30 avril dernier. Sur le ton du respect et de la déférence je m’adressais au chevalier blanc de la grande distribution qui a la défense du consommateur comme unique souci, dit-il :

     

    Cher Monsieur,

    Vous avez sans doute pris connaissance de façon directe ou indirecte des résultats d’une enquête récente sur la présence de pesticides en quantité importante dans le vin. 100 % des vins issus de la viticulture traditionnelle étaient contaminés avec des niveaux de pollution effrayants (5 800 fois plus élevés que l’eau potable). Le taux est la conséquence de l’utilisation intensive des pesticides puisque 20 % des 200 000 tonnes sont utilisés en viticulture qui ne représente que 3 % de la surface agricole (dans l’Union européenne). La France est le plus gros client de cette industrie chimique.

    La consommation correspond à ½ kg de substances actives par an, par habitant.

    Ces produits sont cancérigènes, provoquent des anomalies chromosomiques et favoriseraient le développement des maladies neurodégénératives.

    L’agriculture classique dans sa course au rendement se moque des conséquences de son recours grandissant à ce type de produits. Une production sans pesticides, respectueuse de la nature, de la santé est possible. Elle existe, mais reste marginale.

    Vos interventions sont axées sur la défense du pouvoir d’achat des consommateurs. Devenez aussi le défenseur de leur santé en annonçant que les centres Leclerc se battront pour donner une nourriture sans pesticide à leurs clients. Commencez par le vin en prévenant vos fournisseurs que d’ici 4 ou 5 ans seuls les vins issus d’une viticulture biologique seront admis sur vos linéaires.

    Le retentissement de cet avertissement sera énorme. Il mettra le gouvernement dans l’embarras.

    Vous aurez été celui qui, plus courageux que l’État, aurez réussi ce que la réglementation, sous la pression de Bruxelles, n’arrivera à obtenir que dans un futur lointain. Cette démarche volontariste, responsable, citoyenne, devra être entreprise aussi – mais dans un second temps – pour les fruits, les légumes, les céréales, tout aussi pollués.

    Vous pouvez, vous devez avoir ce courage. Vous acquerrez en le faisant un statut, une aura, un prestige que l’on ne peut imaginer. Je vous crois le seul en situation d’entreprendre cette croisade, capable d’en saisir l’opportunité, l’urgence, l’intérêt.

    Je vous prie de croire, Cher Monsieur…

    A ma grande surprise, à ma consternation, cette lettre est restée sans réponse. Michel-Édouard m’a déçu. Je n’ai heureusement jamais cru à ses discours comme à ceux des politiques, ses pareils. Ce ne sont pas eux qui nous apporteront le bonheur ni la santé. Qu’on se le dise !

     


    http://www.agoravox.tv/actualites/sante/article/notre-poison-quotidien-produits-29438


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