• Les malheurs d'un ancien "Sarko boy"

    Boris Boillon, l'ex-ambassadeur de France à Tunis, a été interpellé par la douane française, fin juillet, à Paris, avec 350 000 euros et 40 000 dollars en liquide. D’après le site Mediapart, qui a révélé l'information, l'ancien diplomate était en partance pour la Belgique. Selon I-Télé, une enquête préliminaire a été ouverte et confiée aux douanes. 

     

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    Boris Boillon continue à faire parler de lui. L'ancien ambassadeur a été interpellé le 31 juillet dernier à la Gare du Nord à Paris, a révélé le site d’information Mediapart vendredi. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et ambassadeur de France en Irak et en Tunisie était en possession de 350.000 euros et 40.000 dollars en liquide. La chaîne I-Télé a annoncé qu'une enquête préliminaire avait été ouverte et confiée aux douanes.

     

    Prêt à monter dans un train Thalys pour Bruxelles, Boris Boillon s’est fait contrôler alors qu’il n'avait sur lui ni papiers d'identités ni téléphone mais trois cartes bleues à son nom. Les douaniers ont alors trouvé sur lui "des enveloppes contenant des billets de banque de 500 euros", a rapporté le site Internet. La loi interdit le transfert dans un autre pays de l’Union européenne de sommes supérieures à 10.000 euros, sans déclaration préalable. Une enquête est en cours pour déterminer l'origine des fonds. Désormais homme d'affaires,  il a créé la société Spartago, qui cherche à relancer les affaires entre les entreprises françaises et l'Irak. Selon lui, l'argent était destiné à créer une filiale belge de sa société

    Un parcours controversé

    Après un passage marqué par de nombreuses polémiques, Boris Boillon a été débarqué de l'ambassade de France en Tunisie après l'élection de François Hollande. Une information alors révélée par leJDD.fr. Lors de sa première rencontre avec la presse, il avait refusé de répondre aux questions des journalistes tunisiens sur la ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, les qualifiant de "questions débiles" ou de "n'importe quoi".

    La défiance entre Tunis et cet ambassadeur qualifié de "Sarkoboy" par Marine Le Pen, s’est amplifiée par la suite, renforcée par des photos embarrassantes, comme celle montrant Boris Boillon en maillot de bain, tirée du réseau social Copains d'avant. Ou encore, celle de l'ambassadeur posant en septembre 2011 à la une du magazine tunisien Tunivisions, en smoking noir, façon James Bond. 

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    En Irak, Boris Boillon voit la reconstruction comme le "marché du siècle". Ici en 2010, entre Nicolas Sarkozy et le leader kurde, Massoud Barzani.

    Il ne s'en est jamais caché : Nicolas Sarkozy méprise les diplomates, ces professionnels de la négociation, instruits par l'expérience sur les limites de leur action. Pas étonnant qu'il ait été séduit par Boris Boillon. Fougueux et volontariste, narcissique et vibrionnant, tour à tour séducteur et cassant, nul doute que le beau gosse renvoyait une image flatteuse à son mentor, comme d'autres "Sarko-boys" associés à la victoire à la présidentielle de 2007.  

     

    Car ces deux-là se ressemblent: obsédés par le temps qui passe, jetés dans une éternelle fuite en avant, avides de pouvoir et amateurs de belles montres, la faille psychologique prend souvent, chez l'un et l'autre, l'allure d'une comédie bouffonne. 

    Interpellé avec 350 000 euros en liquide

    L'interpellation de Boris Boillon, le 31 juillet, dans une gare parisienne, avec 350 000 euros et 40 000 dollars dans ses bagages, est typique de cet humour involontaire : voilà le fils de "pieds-rouges", ces militants de gauche engagés naguère aux côtés des indépendantistes algériens, arrêté comme "porteur de valises"!  

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    Boris Boillon, ex-ambassadeur en Tunisie et en Irak, s'est reconverti dans les affaires après avoir été écarté de la diplomatie française après les élections de 2012.

    Aux douaniers, l'ambassadeur reconverti dans les affaires, désormais résident en Belgique, explique que l'argent provient de ses activités en Irak, où les prestations sont réglées en liquide, et qu'il doit servir à créer une filiale de sa société de consulting international, Spartago. L'enquête de la police judiciaire de la douane dira ce qu'il en est.  

    Entre-temps, le mal est fait. Car la loi interdit le transfert en liquide de plus de 10 000 euros dans un autre pays de l'Union européenne sans déclaration préalable. Après Claude Guéant, un autre personnage symbolique du quinquennat est dans le collimateur de la justice. Pour une histoire de cash... 

    Le "fils" de Kadhafi

    Passé par Sciences po et par Langues O', Boris Boillon entame sa carrière au Quai d'Orsay, avant de rejoindre, en avril 2006, la nébuleuse Sarkozy au ministère de l'Intérieur, où il devient conseiller diplomatique.  

    L'année suivante, âgé de 37 ans, il suit son patron à l'Elysée et rejoint la cellule diplomatique, où il travaille, avec Claude Guéant, à la libération des infirmières bulgares alors détenues en Libye. C'est lui, surtout, qui organise la visite de Kadhafi à Paris, en décembre 2007 : le dictateur de Tripoli l'appelait volontiers "mon fils". 

    Sa nomination comme ambassadeur à Bagdad, en juillet 2009, fait grincer quelques dents au Quai d'Orsay : "C'est un peu gros pour lui, confiait un homme du sérail. Dans l'Irak tel qu'il est, il faut de la bouteille et du sang-froid."  

    Sur place, durant près d'un an et demi, il consacre l'essentiel de son énergie au front économique. Décidé à faire revenir les hommes d'affaires, il construit à leur intention un centre d'affaires bunkerisé en face de l'ambassade. "La reconstruction en Irak est le marché du siècle", explique-t-il alors à un reporter de L'Express, en balayant d'un revers de la main toute allusion aux tensions communautaires et aux fractures historiques profondes de la société irakienne.  

    "Les Tunisiens ne veulent pas d'un gamin"

    C'est l'époque où ses confrères américains, dans des télégrammes diplomatiques révélés depuis par le site WikiLeaks, raillent son "ignorance", ses "incohérences" et ses "erreurs" d'appréciation. Mais le pire est à venir. 

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    Le diplomate Boris Boillon à la Une du Magazine Tunivisions en septembre 2011.

    Nommé ambassadeur de France en 2011 dans "la Tunisie nouvelle", il choque par son langage abrupt et ses manières trop directes, sans oublier la diffusion d'une photo un peu ridicule, postée sur Internet, où il prend la pose en maillot de bain. "Pour les Tunisiens, l'ambassadeur de France doit être un "Monsieur", confie un ancien proche. Ils ne veulent pas d'un gamin." 

    A peine arrivé à l'Elysée, François Hollande le fait remplacer. Au placard dès août 2012, Boillon a préféré se mettre en disponibilité de la fonction publique pour se lancer dans des activités plus lucratives. Et plus hasardeuses.  


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