• Grâce

    aux Russes,

    Hollande

    évite une

    humiliation

    cinglante

    François Hollande s'engage dans la voie diplomatique pour la Syrie alors que depuis quinze jours, il porte l'uniforme du général en chef. Que se passe-t-il dans sa tête depuis que la Russie offre une alternative aux frappes ?

    11 SEPTEMBRE 2013

    Dans la tête de François Hollande, c'est un soulagement, cette initiative venant des Russes... « Mais le problème, m'a dit un député socialiste, c'est de faire croire que c'est lui qui reste à la manœuvre ». L'Elysée délivre donc le message suivant: « Si on en est arrivé là, c'est parce que la France et les Etats-Unis ont été d'une grande fermeté ». Maintenant, les deux présidents veulent garder le beau rôle. Mardi, on a eu droit à la photo Obama et Hollande au téléphone ensemble pendant une demi-heure. Maintenant, ils ne se quittent plus. L'Elysée nous dit qu'ils vont travailler étroitement sur la proposition russe de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle.

    -> Syrie : une chance pour la diplomatie ?

    Est ce qu'on peut croire une seconde à ce que disent les deux présidents ? Est-ce la fermeté qui a payé ?

    Non, bien que ce soit encore le message délivré tout à l'heure par Barack Obama au peuple américain et aux élus du Congrès.Le Congrès est toujours réticent et le Sénat a carrément repoussé l'idée d'un vote pour mener une action militaire. A Paris, c'est pareil. A l'assemblée, mardi, même des parlementaires socialistes disaient que François Hollande avait évité une humiliation cinglante. On se serait retrouver tout seul à vouloir frapper Damas ! Mais François Hollande veut rester sur la même ligne. Discuter avec les Russes, OK, mais on continue à faire passer le message que des frappes sont possibles.

    Le président a convoqué à l'Elysée un conseil restreint de défense pour étudier la proposition russe. A quoi cela sert-il ?

    Ça sert à gagner la bataille de l'image face à une opinion publique toujours hostile. C'est la première fois que l'Elysée sort les tambours et les trompettes pour nous annoncer un conseil de défense. Il y en a déjà eu deux consacré à la Syrie, on n’en a pas beaucoup entendu parler. « François Hollande veut montrer qu'il reste chef de guerre », m'a dit un conseiller.

    Ça veut dire que la France et les Etats-Unis ne vont pas ranger les armes ?

    Officiellement non ! Laurent Fabius précise que toutes les options restent sur la table. Mais en coulisse, que se passe-t-il ? L'Elysée mise tout sur la voie diplomatique. Mardi soir, j'ai eu un conseiller du quai d'Orsay au téléphone, et c'est encore la France qui a le beau rôle ! « Il y a une ouverture du côté des Russes, on espère qu'ils sont sincères, ce n'est pas facile, il y a des rebondissements tous les jours ». Comme si c'était encore la France qui donnait le la. François Hollande rêve de transformer le plomb de la guerre en or diplomatique. Jusqu'à présent, transformer le plomb en or, ça n'a jamais marché...

    Véronique Jacquier 


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